Fascinant paradoxe
Le paradoxe : voilà quelque chose de fascinant pour l’esprit.
« Le paradoxe, qu’il soit logique ou visuel, qu’il traite de l’infini, du choix ou de la démarche scientifique, nous fascine et nous stupéfie, car il nous transporte au-delà des limites de la perception et de la pensée humaine » (Perret et Josserand).
Et en effet, on peut dire avec Paul Watzlawick, que « depuis deux mille ans, l’esprit humain est fasciné par le paradoxe. Il l’est encore aujourd’hui ».
Le paradoxe fascine parce qu’il touche chacun d’entre nous, à des niveaux différents, allant de la simple curiosité à la souffrance parfois, en passant par l’amusement, le puzzle logique ou encore le défi intellectuel.
Le paradoxe fascine aussi parce qu’il vient souvent à l’encontre d’une logique que nous prenons pour acquise. Douglas Hofstadter dit des paradoxes que ce sont des strange loops, ou boucles étranges. Cette étrangeté vient de ce que les conventions logiques que nous prenons pour du bon sens, sont bousculées. Avec le paradoxe, nous avons parfois le sentiment de tomber en « absurdie » (pour emprunter l’expression adoptée par le chroniqueur humoriste, Stéphane De Groodt), simplement parce que ces strange loops viennent en dissonance avec notre rationalité construite.
Une longue histoire
Si le paradoxe tend depuis quelques années à gagner ses lettres de noblesse et à s’établir comme un champ de recherche à part entière en management et en sciences de gestion, il dispose d’une histoire riche dans des diverses disciplines.
Des philosophes de la Grèce Antique aux Existentialistes, les penseurs ont de tout temps envisagé l’existence même comme paradoxale : pris entre deux dimensions irréconciliables, l’Homme est écartelé entre vie et mort, bien et mal, lui et les autres. Les psychologues eux aussi ont souligné la nature avant tout cognitive du paradoxe, étudiant notamment les tensions qui existent entre créativité et santé mentale, ou utilisant le paradoxe lui-même à des fins thérapeutiques pour résoudre les conflits internes de l’individu.
L’impossible définition du paradoxe
Les définitions et significations données au paradoxe à travers les différentes disciplines sont multiples, et certains chercheurs estiment que comprendre le paradoxe requiert davantage que simplement définir ses caractéristiques. On pourrait résumer le concept en disant que le paradoxe est « la vérité qui se tient sur la tête pour attirer l’attention », selon l’expression de Falletta, qui précise : « cet énoncé nous rapproche davantage de l’essence du paradoxe que n’importe quelle définition positive qu’on pourrait proposer, tant il est vrai que le paradoxe est une notion très difficile à cerner ». Toutefois, le point commun des différentes définitions qu’on peut trouver est qu’elles amènent toutes la réflexion à un autre niveau de logique. Depuis Aristote, la logique ordinaire nous invite à réfléchir en termes de « vrai » ou « faux », toute autre option étant exclue, et cette logique convient certainement lorsqu’on analyse des phénomènes linéaires. En revanche, lorsque nous essayons d’appliquer ce modèle de logique à des phénomènes complexes comme nous en rencontrons chaque jour en entreprise ou dans la vie d’une équipe, cette logique n’est plus valable ». On est alors contraint de passer à une logique peut-être moins ordinaire qui admet le paradoxe comme clef de lecture.
Paradoxe et organisations
Le paradoxe n’est donc pas nouveau et fait depuis longtemps partie du paysage des sciences humaines et même des mathématiques. Il n’est donc finalement pas étonnant que cette piste ait été explorée dans le domaine touchant au monde de l’organisation. Alors qu’en 1988, l’ouvrage collectif sous la direction de Quinn et Cameron constatait la trop grande absence du paradoxe dans les théories des organisations, le concept fait depuis l’objet de nombreux articles et études, aussi bien à propos de l’organisation elle-même que des acteurs qui la composent.
Chez Oyaam, nous sommes le trait d’union entre deux mondes qui s’intéressent chacun à leur manière au paradoxe : le monde de l’organisation, avec des paradoxes qui peuvent apparaître à différents niveaux, que ce soit celui de l’équipe ou l’entreprise, et le monde de l’accompagnement avec l’utilisation possible du paradoxe en réponse à des problèmes issus parfois eux-mêmes de paradoxes. C’est en étudiant comment les paradoxes agissent et prospèrent dans les organisations et les incidences qu’ils peuvent avoir sur les équipes qui y travaillent que nous pouvons envisager de quelle manière accompagner les équipes face aux paradoxes dans l’organisation par la Stratégie Paradoxale et Humaniste.