Nourrir sa créativité
La créativité s’apprend. La créativité se nourrit. Beaucoup pense que c’est un don inné, alors qu’il s’agit davantage d’une compétence à développer. Et pour la développer, il faut la cultiver, la stimuler. Un premier conseil simple serait de garder en permanence les yeux ouverts et porter attention au monde qui nous entoure. C’est un “travail” de tous les jours qui peut se matérialiser sous forme de lectures, films, rencontres, sorties… Il s’agit de s’imprégner de tous les « entrants », de saisir chaque occasion pour développer de nouvelles manières de voir le monde, grâce à des points de vue différents, qui vont nous ouvrir l’esprit.
Il est souvent efficace aussi de retrouver ses yeux d’enfants : pourquoi sont-ils si créatifs ? Parce qu’ils ont la faculté de s’éloigner de la raison et d’être dans le moment présent. Penser comme un enfant revient ainsi à suivre ses intuitions, à accepter les idées comme elles viennent sans jugement ni a priori.
Partir de l’existant
Et puis surtout, il faut arriver à se détacher de cette illusion que la créativité nait d’un eurêka ! Être créatif, c’est d’abord partir de ce que l’on a. Rien ne nous oblige à être créatif à partir de rien, à tout réinventer à partir de zéro pour trouver l’idée du siècle. Chacun de nous a pu en faire l’expérience pendant le confinement : être créatif, c’est aussi avoir l’idée de nouvelles associations, de nouveaux usages pour des éléments existants. Inventer de nouvelles recettes à partir de ce qu’on a dans le frigo, aider les enfants à faire une cabane avec les plaids de la maison, trouver une façon de garder le contact avec les collègues quand on est privé de bureau. La créativité, c’est avant tout une démarche pour se réinventer, pour compiler, recycler les choses ou les pratiques qu’on a sous la main. Oser les mélanges débouche souvent sur des idées bigrement créatives.
Back to Bauhaus
Pendant quelques quatorze années, en sandwich entre deux
guerres mondiales, l’école d’art et de design allemande Bauhaus a changé la
face de la modernité. Guidée par des idéaux utopiques, l’école a donné
naissance à une extraordinaire fusion entre beaux-arts, artisanat et technologie.
Cette fusion avait vocation à s’appliquer à la peinture, la sculpture, au
design, à l’architecture, au cinéma, à la photographie, aux installations d’art…
Le Bauhaus était à la fois une communauté intensément humaine et un collectif
ouvert au public. Fondé par Walter Gropius (1883-1969), l’école a compté parmi
ses membres Josef et Anni Albers, Wassily Kandinsky, Paul Klee, ou encore Ludwig
Mies van der Rohe. Dans ses locaux successivement installés à Weimar, Dessau et
Berlin, l’école encourageait les échanges charismatiques et créatifs entre
enseignants et étudiants, tous dotés de styles et de goûts personnels variés,
mais unis par leur idéalisme et leur intérêt profond pour des œuvres puisant
dans différentes disciplines et pratiques.
Cherchez Marcel
Marcel Breuer (1902–1981) a été étudiant à la prestigieuse école. Rapidement repéré par Walter Gropius, il fut invité à rejoindre l’école alors qu’il n’avait que 23 ans, comme responsable de l’atelier charpenterie. Mais Breuer se tourna très vite vers le métal. En effet, peu après son arrivée au Bauhaus, Breuer acheta sa première bicyclette, de la marque Adler. Impressionné par la fabrication de son vélo, il se demanda s’il ne pouvait pas utiliser cette technique pour confectionner des meubles. Il se rendit donc directement à l’usine qui produisait l’acier – Mannesmann Steelworks. Ce qui était intéressant dans cette matière, c’est qu’elle pouvait être pliée ou même tordue, sans perdre sa solidité. Breuer acheta donc de la matière première et engagea un plombier ( ! ) pour l’aider à mettre en forme les premiers pieds du prototype de son fauteuil. La première version fut appelée B3, un système de numérotation que Breuer adopta pendant plusieurs années. Le siège a plus tard été rebaptisé « Wassily » par référence à Wassily Kandinsky, qui avait demandé à avoir ce même siège pour son bureau.
Le siège a eu un énorme succès : très moderne, peu couteux en termes de production… Pas mal pour un jeune homme de 23 ans, sa bicyclette et un plombier.
What’s the point ?
The point, c’est justement ce melting point : ce point de rencontre où les choses se mélangent et s’assemblent pour donner quelque chose d’un peu magique. Le contexte joue : cette école, et ce vent de modernité qui poussait chacun à essayer, à explorer, ont sans doute créer le climat propice à la production d’idées. Après ça, ce sont des pièces en apparence très simples qui sont venues s’assembler pour former un puzzle bluffant : une bicyclette, une idée de fauteuil, des ressources à aller chercher où elles se trouvent (et si c’est entre les mains d’un plombier, ça fait le job)… C’est assez inspirant de se dire que la créativité de chacun, y compris en entreprise, et même si c’est à partir de pas grand-chose, peut permettre d’arriver à des résultats « above expectations ».
The melting point (or, rarely, liquefaction point) of a substance is the temperature at which it changes state from solid to liquid. At the melting point the solid and liquid phase exist in equilibrium.